Histoire
A l'époque de l'Anjou Plantagenet...
En 1194 Geoffroy Ostorius, un chevalier dont la famille était propriétaire d'une seigneurie sur la rive gauche de l'Oudon, est de retour de la troisième croisade et fait don aux moines augustins de l'abbaye de Mélinais (aujourd'hui dans la Sarthe) d'une chapelle et de terres qui l'entourent. Il est richement doté par le seigneur et par l'abbé.
A cette époque les seigneurs étaient souvent propriétaires de biens de l’Eglise, annexés dans les siècles précédents, et les rendaient pour se faire bien voir par le pape.
Un « vidimus » conservé aux archives du Mans fait état de cette fondation.
Le prieuré au fil de l’histoire
Suivant les règles de l’Église relatives à la fondation d'un prieuré, les moines construisent un lieu de culte, un bâtiment pour les héberger, probablement un réfectoire et des cuisines, le tout autour d’un cloître, particularité originale car très peu de prieuré en sont dotés.
Ces moines y restent jusqu’à la fin du XVème siècle, date à laquelle leur nombre diminue, obligeant l’abbaye à rappeler ceux qui restent et à envoyer à leur place un marchand fermier, sorte de régisseur, chargé d’administrer les biens.
Celui-ci ne souhaite visiblement pas habiter dans le dortoir des moines : il fait surélever le rez de chaussée du réfectoire pour construire un manoir, plus représentatif du statut de cette petite seigneurie visiblement très riche.
La situation dure jusqu’à Henri IV, qui voulant fonder un collège royal à la Flèche en 1604, administré par les Jésuites, demande au pape de rétrocéder à cet ordre enseignant les revenus de plusieurs abbayes et prieurés, dont Mélinais. La Jaillette continue d’être administré par un régisseur, mais les recettes sont versées au collège de la Flèche, à charge pour lui de faire dire des messes et de veiller à l’entretien de l’ensemble.
En 1762 les jésuites sont expulsés et remplacés par les Pères de la Doctrine Chrétienne.
Puis arrive la Révolution et son cortège de conséquences : le prieuré de la Jaillette est confisqué et vendu comme bien national, la partie église devenant une annexe de la paroisse de Louvaines. Des travaux sont réalisés séparant la propriété en deux grâce à un mur dans le cloître, et l’église « redécorée » pour fermer définitivement les liens avec le monastère.
Racheté par le marchand fermier, le prieuré se cantonne au statut de bâtiment agricole, servant de résidence à plusieurs générations de métayers, dont les derniers deviennent propriétaires.
Partant à la retraite, ils cèdent le bâtiment en 2000: la restauration peut commencer!
L’archiviste et historien André Sarazin lui avait consacré un chapitre de son livre « Pierres qui meurent en Anjou », insistant sur le côté chef d’œuvre en péril nécessitant une sérieuse intervention de sauvetage.
C’est désormais chose faite…